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Histoire de France

Histoire de la Naturalisation Française : De l'Ancien Régime à Aujourd'hui

Plongez dans l'histoire fascinante de la naturalisation française, des édits royaux aux lois républicaines, pour mieux comprendre votre chemin vers la citoyenneté.

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L'équipe Naturalisation FR
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Fac-similé de l'Édit de Nantes, document historique majeur

L'histoire de la naturalisation française est un voyage captivant à travers les siècles, reflétant les transformations politiques, sociales et démographiques de la France. Comprendre ce parcours historique est essentiel pour toute personne aspirant à devenir citoyen français, car il éclaire les principes et les défis qui ont façonné le droit de la nationalité que nous connaissons aujourd'hui. Loin d'être statique, la définition de ce qu'est un « Français » a évolué, passant de l'allégeance à un monarque à l'adhésion aux valeurs républicaines, marquant ainsi une intégration progressive des étrangers au sein de la communauté nationale. Cet article vous propose une immersion dans les grandes étapes de cette évolution, des premières ordonnances royales aux lois contemporaines, pour saisir la richesse et la complexité de ce processus.

Histoire de la Naturalisation Française : De l'Ancien Régime à Aujourd'hui

Les Origines Royales : Du Sujet du Roi au Royaume (Avant 1789)

Avant la Révolution de 1789, la notion de « nationalité » telle que nous l'entendons aujourd'hui n'existait pas. On parlait plutôt d'être « sujet du Roi » ou « régnicole », c'est-à-dire une personne née et résidant dans le royaume. L'intégration des étrangers était alors gérée par des lettres patentes ou des édits royaux, comme l'Édit de Moulins de 1566 qui liait le statut de régnicole à la naissance sur le territoire. L'obtention de la « naturalité » – l'équivalent de la naturalisation à l'époque – était un privilège accordé par le souverain, souvent pour des raisons économiques, militaires ou diplomatiques. Les étrangers, appelés « aubains », étaient soumis à des droits spécifiques, comme le « droit d'aubaine » qui permettait au Roi de s'approprier leurs biens à leur décès. La naturalisation sous l'Ancien Régime était donc un acte discrétionnaire du Roi, visant à intégrer des individus jugés utiles à la prospérité ou à la défense du royaume, et non un droit fondé sur des critères objectifs.

La Révolution Française et l'Émergence de la Citoyenneté (1789-1804)

La Révolution Française marque un tournant fondamental. Le concept de « sujet du Roi » est aboli au profit de celui de « citoyen ». La nationalité n'est plus un privilège royal mais un droit lié à la souveraineté de la Nation. Dès 1789, la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen proclame l'égalité et la liberté, jetant les bases d'une citoyenneté ouverte. Les premières lois révolutionnaires, notamment celle du 23 août 1790, accordent la nationalité française aux étrangers qui résident en France depuis cinq ans, y possèdent une propriété ou une entreprise, ou qui ont épousé une Française et prêtent serment civique. Cette période voit l'émergence des principes du droit du sol (jus soli) et du droit du sang (jus sanguinis), bien que leur application varie selon les régimes. Le Code Civil de 1804, sous Napoléon, formalise et stabilise une partie de ces principes, faisant de la filiation (droit du sang) le critère principal, tout en conservant des dispositions pour l'acquisition de la nationalité par la naissance sur le sol français dans certains cas. Ce Code jette les bases durables du droit français de la nationalité.

Histoire de la Naturalisation Française : De l'Ancien Régime à Aujourd'hui

Le XIXe Siècle : Industrialisation, Immigration et Consolidation du Droit (1804-1914)

Le XIXe siècle est caractérisé par une forte croissance industrielle et un besoin croissant de main-d'œuvre, entraînant d'importants flux migratoires vers la France. Face à cette nouvelle réalité et à un taux de natalité en baisse, la France adopte une politique plus volontariste en matière de naturalisation. La loi de 1851 est une étape majeure : elle instaure le « double droit du sol », accordant la nationalité française à l'enfant né en France d'un parent lui-même né en France. Cette mesure vise à faciliter l'intégration des descendants d'immigrés. La loi de 1889 va encore plus loin en étendant le droit du sol : tout enfant né en France de parents étrangers peut désormais opter pour la nationalité française à sa majorité, à moins qu'il ne la refuse expressément. Pour les autorités, il s'agit non seulement d'intégrer les populations étrangères mais aussi de renforcer la démographie du pays et ses capacités militaires face aux tensions européennes. Cette période consolide l'idée que la France est une terre d'accueil et d'intégration, où la nationalité peut s'acquérir par la naissance sur le territoire, même sans lien direct de filiation française.

Les Guerres Mondiales et le Durcissement des Conditions (1914-1945)

Les deux guerres mondiales marquent une période de nationalisme accru et de méfiance envers les étrangers. La nécessité de défendre la patrie conduit à un durcissement des conditions d'accès à la nationalité. La loi de 1927, bien que souvent présentée comme libérale, introduit des critères plus stricts pour la naturalisation par décret, exigeant une meilleure intégration et une loyauté avérée. Le délai de résidence est allongé et le pouvoir discrétionnaire de l'administration renforcé. La période de l'entre-deux-guerres voit également des déchéances de nationalité pour des motifs politiques ou d'indignité. Le régime de Vichy, durant la Seconde Guerre mondiale, marque un épisode sombre de l'histoire de la nationalité française, en abrogeant le décret Crémieux de 1870 (qui avait accordé la nationalité française aux Juifs d'Algérie) et en procédant à des révisions massives de naturalisations, retirant la nationalité à des milliers de personnes, notamment des Juifs et des opposants politiques. Cette période rappelle la fragilité du droit de la nationalité face aux idéologies extrémistes et l'importance de sa protection dans un État de droit.

L'Après-Guerre et la Création du Code de la Nationalité (1945-Fin XXe siècle)

Après la Libération, la France se dote d'un nouveau cadre juridique pour la nationalité, avec l'ordonnance du 19 octobre 1945 qui crée le Code de la Nationalité Française. Ce Code, qui reprend les grands principes du droit du sang et du droit du sol, est un texte de référence qui va régir l'acquisition, l'attribution et la perte de la nationalité pendant des décennies. La période des Trente Glorieuses (1945-1975) est marquée par une forte immigration pour la reconstruction et le développement économique du pays. De nombreux étrangers sont naturalisés, contribuant à la diversité de la société française. Cependant, les débats sur l'intégration et l'assimilation demeurent vifs. Les années 1980 et 1990 voient des réformes successives, avec notamment la loi Pasqua de 1993 qui exige une manifestation de volonté pour l'acquisition de la nationalité par les jeunes nés en France de parents étrangers, avant un retour au droit du sol automatique sous certaines conditions avec la loi Guigou de 1998. Cette période témoigne d'une recherche constante d'équilibre entre l'ouverture à l'immigration et la préservation de l'identité nationale.

Le XXIe Siècle : Intégration, Valeurs et Défis Contemporains (Depuis 2000)

Le XXIe siècle est caractérisé par un renforcement des exigences en matière d'intégration pour les candidats à la naturalisation. Les lois successives (2003, 2006, 2011) mettent l'accent sur la maîtrise du Français, la connaissance de l'histoire de France, de la culture et des valeurs de la République. Le « contrat d'intégration républicaine » devient un élément central du parcours, symbolisant l'engagement du candidat à adhérer aux principes fondamentaux de la France. Les entretiens d'assimilation sont renforcés pour évaluer cette adhésion. Les conditions de résidence, de ressources et de moralité sont également scrutées avec attention. En 2025, le processus de naturalisation continue de s'adapter aux enjeux contemporains, tels que la lutte contre le terrorisme et la promotion de la laïcité, tout en cherchant à maintenir un équilibre entre l'ouverture et la protection des principes républicains. Pour tout comprendre des étapes actuelles, consultez notre Guide Complet des Étapes et Conditions.

Conclusion : Comprendre le Passé pour Mieux S'intégrer Aujourd'hui

L'histoire de la naturalisation française est un miroir des évolutions de la société française elle-même. Des privilèges royaux à la citoyenneté républicaine, en passant par les défis des guerres mondiales et les vagues d'immigration, le chemin vers la nationalité a été constamment redéfini. Comprendre cette histoire complexe et riche est plus qu'un simple exercice académique ; c'est une clé essentielle pour appréhender les fondements de la France contemporaine et les attentes de la République envers ses nouveaux citoyens. C'est en saisissant la profondeur de ces racines que vous pourrez pleinement embrasser votre futur rôle de citoyen et comprendre l'importance des Droits et devoirs du citoyen français. Votre parcours de naturalisation s'inscrit dans cette longue tradition d'intégration, un processus continu qui enrichit la France et ses valeurs.

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Questions fréquentes

Comprendre l'histoire de la naturalisation permet d'appréhender les fondements et les évolutions du droit de la nationalité en France. Cela aide les futurs citoyens à mieux saisir les valeurs et les attentes de la République, et à contextualiser leur propre parcours d'intégration.

Le droit du sang (jus sanguinis) attribue la nationalité par la filiation, si l'un des parents est français. Le droit du sol (jus soli) l'attribue par la naissance sur le territoire national, souvent sous certaines conditions, comme la résidence prolongée ou la naissance d'un parent lui-même né en France.

Le Code de la Nationalité Française a été créé par l'ordonnance du 19 octobre 1945, après la Seconde Guerre mondiale. Il a regroupé et formalisé l'ensemble des règles relatives à l'acquisition, l'attribution et la perte de la nationalité française.

Les guerres mondiales ont conduit à un durcissement des conditions de naturalisation, avec des exigences de loyauté et d'intégration accrues. La période de Vichy a même vu des déchéances massives de nationalité, marquant un épisode sombre de l'histoire du droit de la nationalité en France.

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